L'amour qui tue jette un nouvel éclairage sur des drames qui nous laissent généralement prisonniers de la colère et de l’incompréhension : ces hommes qui tuent leur conjointe ou leur ex-conjointe et parfois même leurs enfants.
Entre 1997 et 2007, 139 hommes ont assassiné leur conjointe au Québec, soit environ un homicide conjugal par mois.
Le réalisateur Joël Bertomeu, auteur de nombreux documentaires sur la question masculine, s’interroge sans préjugés, en se tenant loin des réponses toutes faites dans lesquelles nous cloisonne le monde du fait divers, généralement le seul à traiter de ces drames. Le réalisateur s’implique personnellement dans le propos pour se demander « Qu’est-ce qui fait que ces hommes souvent sans histoires dérapent? Est-ce que moi, un jour, cela pourrait m’arriver? »
Pour nourrir sa réflexion, Joël Bertomeu rencontre des spécialistes, mais également des individus qui ont vécu ou même causé ces drames. Il nous donne l’occasion d’entendre un homme qui a assassiné sa conjointe raconter l’état de mal-être profond dans lequel il était à l’époque. L’homme explique ensuite le détail de cette nuit tragique, puis là où il en est plus de dix ans plus tard, alors qu’il tente lui-même de comprendre : « Je l’ai tué, pis je voulais me tuer pour être avec elle, l’autre bord. Dans ma tête, je m’en allais l’autre bord avec elle, pis on continuait à vivre l’autre bord, pis on n’aurait plus de problèmes. C’est vraiment débile, mais c’était comme ça que je pensais. »
Les psychiatres, psychologues et travailleurs sociaux rencontrés par Joël Bertomeu apportent chacun leurs pistes d’explication. Gilles Chamberland, psychiatre à l’Institut Pinel, parle, par exemple, du besoin de contrôle, d’une perte de contact avec le réel, de graves dépressions non diagnostiquées qui s’expriment par la violence, de la peur d’être seul dans la mort… Des réflexions qui permettent de donner un contexte à ces drames et d’ouvrir la porte à un questionnement plutôt qu’au seul jugement.
Placer ces drames en contexte, c’est aussi inévitablement traiter de la détresse de ces hommes et du soutien qui aurait pu, ou dû, leur être offert pour éviter de si tragiques conséquences. Des responsables de groupes d’entraide masculins nous parlent du manque de portes où frapper pour les hommes qui ont besoin d’aide, du fait qu’un homme en crise est souvent perçu comme un agresseur potentiel, ce qui risque de le conduire entre les mains de la police plutôt que dans le bureau d’un psychologue. De nombreuses pistes de réflexion que Joël Bertomeu nous offre en tant qu’individus, mais qui nous interpellent également comme société.
L'amour qui tue, un documentaire à la fois percutant et d’une grande sensibilité, sur un sujet troublant qui fait malheureusement trop souvent les manchettes.
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